Voyons un peu les blancs de Savoie

Didier Poloni ne propose pas que de la molette, il fait des Roussettes délicieuses. Des Roussettes ? Oui, bien que situé à Corbonod, dans l’Ain, il produit des blancs de la familles des vins de Savoie. « Des » Roussettes ? Naturellement, ça ne peut pas être simple. Avec le cépage altesse, on peut élaborer de la Roussette « AOC Roussette de Savoie ». Depuis 1998, on ne peut plus l’assembler au chardonnay, elle doit être constituée de 100% d’altesse. J’imagine que l’on peut toujours faire des assemblages altesse-chardonnay, mais on n’a alors plus droit qu’à l’appellation « Vin de Savoie », moins porteuse. Ensuite, selon le terroir sur lequel la vigne pousse, on trouve quatre crus, Marestel et Monthoux dans le nord du département de la Savoie, Monterminod dans la banlieue Sud-Est de Chambéry, et Frangy, situé en Haute-Savoie. Mais ce n’est pas tout. Le terroir de Seyssel, à cheval sur l’Ain et la Haute-Savoie, dispose de sa propre appellation « Seyssel » qui est aussi une Roussette. Vous avez donc pour résumer, en 100% altesse, de la Roussette « normale », de la Roussette avec un nom de cru, et du Seyssel. Et en assemblage, du « Vin de Savoie » comportant une part d’altesse. Ouf !

Mais la Roussette, ce n’est pas fait avec de la roussane ?  Ah non, la roussane, c’est un raisin originaire de la vallée du Rhône et le cépage du Chignin-Bergeron. On n’en trouve que sur la commune de Chignin, à vingt kilomètres au sud de Chambéry. Ah, c’est du vin de Chignin, alors ? Non, le vin de Savoie cru « Chignin » est fait avec de la jacquère, comme ses cousins d’Apremont, de Myans et des Abymes… Un vin vif, frais, perlant, rien à voir avec le train de sénateur du Bergeron.

Eh bien pour un petit vignoble, que de complication ! Heureusement, vous diront les béotiens, l’Europe veille et a mis de l’ordre dans tout cela avec les IGP (Indication Géographique Protégée) et les AOP (Appellation d’Origine Protégée). Mais ne comptez pas sur moi pour vous en expliquer le détail !