Le Brézème

La vallée du Rhône est un trésor en soi, et recèle des pépites que même l’amateur le plus acharné ne dénichera qu’avec de la chance. Ma chance à moi, ça a été le mariage de Valérie.

-         Qu’est-ce que vous avez bu à ton mariage, alors ?

Ma collègue Valérie revenait au bureau faire saliver ses copines avant de partir en voyage de noce aux Maldives, et la conversation avait tout naturellement roulé sur le repas.

-         C’est mon père qui nous a fourni, il connaît un petit producteur près de Livron, en Côte du Rhône avec un nom en plus, je ne me souviens pas, c’était super.

-         Et le nom en plus, c’était quoi ?

-         Ah, je ne sais plus, mais je vais demander à mon père.

-         Bon, mais tu fais fissa, je descend dans le coin ce week-end, et si c’est aussi valable que ce que tu me dis, j’aimerais bien y passer.

Arrive le vendredi, pas de nouvelles. Je prends tout de même la route vers le Sud, j’allais en Ardèche. Tous d’un coup, un SMS de Valérie. « Côte du Rhône Brézème, château La Rolière, Livron. Sur la nationale, c’est indiqué ». Ah, mais c’est du Brézème ! Ce fameux mouchoir de poche autour de Livron, dernier bastion des côtes du Rhône du Nord et sa syrah reine, le symétrique du Saint-Joseph par rapport au centre de gravité de la zone. J’avais déjà eu l’occasion de goûter celui de Jean Marie Lombard, arrivé dans mon verre par la magie d’un échange entre collègues, mais il était un peu trop vieux et j’avais réservé mon avis. Donc hardi petit, je descends sur Livron.

En effet, le domaine est bien indiqué, et facile à trouver. Une allée d’arbres longe les vignes et l’on sort du monde. Il était midi, je n’avais pas prévenu, je m’approche donc la queue entre les jambes en m’attendant à déranger : eh bien non ! Le caveau allait fermer, mais il est resté ouvert pour moi. Loin de m’expédier à une heure où tout un chacun aimerait passer à table, le tenancier des lieux m’a tout fait déguster, tout commenté, et raconté avec force détails le passé et le présent du domaine. Je ne vous répéterai rien, vous n’avez qu’à y aller. Retenez seulement les vins : un blanc 2009 marsanne – roussane poire et fleurs blanches, un rouge 100% syrah bien couillu décliné sur trois cuvées dont un 2006… Faites le détour par La Rolière : vous me bénirez !